Introduction sur les États et les frontières

Il existe aujourd’hui (en 2021) : environ 200 États dans le monde avec des frontières délimitées juridiquement.

Plus précisément on compte 193 États membres de l’ONU (l’Organisation des Nations Unies) et quelques autres qui ne peuvent l’être car leur statut est en suspend (c’est le cas de Taïwan : voir l’article Taïwan une autre Chine, du Kosovo -qui n’existe que depuis 2008, s’est détaché de la Serbie et n’est reconnu par tous les États (voir l’article L’ex-Yougoslavie et les États issus de son éclatement : petit briefing géopolitique – enfin du Sahara Occidental (ancien Sahara espagnol, annexé de fait par le Maroc depuis 1975 mais qui continue à revendiquer l’Indépendance (voir l’article A quoi ressemble le Sahara Occidental ?)

Sur terre il n’existe quasiment aucun espace non approprié. C’est le cas de l’Antarctique qui a un statut spécial depuis 1959 (voir l’article l’Antarctique, son statut, ses bases scientifiques : un petit décryptage) sensé garantir qu’on ne puisse l’étudier ou l’exploiter qu’au profit de l’humanité et non d’un État en particulier.

Même quand il n’y a aucun habitant permanent les différents États ont revendiqué la possession du moindre îlot, du moindre récif.

C’est le cas notamment de la France et de ses nombreuses possessions dans le Pacifique (en Nouvelle-Calédonie, à Wallis-et-Futuna, en Polynésie française, à Clipperton) c’est le cas dans l’océan Indien où la France contrôle les TAAF Terres Australes et Antarctique Françaises (qui sont inhabitées ) (voir l’article La ZEE (zone économique exclusive) de la France : métropole et outre-mer)

Ce qui a récemment changé c’est l’application à partir de 1982 d’un nouveau droit de la mer (1982) qui définit des « Zone Économique Exclusive » : sorte d’extension du territoire des États littoraux en créant un nouveau type de frontière (voir l’article Les zones économiques exclusives : de nouvelles frontières pour les États côtiers ?)

I. La carte du monde d’aujourd’hui présente une grande complexité qui est liée à une histoire complexe

Les frontières des États sont-elles figées ?

Les dernières frontières qui ont été délimitées sont celles du Soudan du Sud -2011- nouvel État reconnu à l’ONU, celles du Kosovo -2008- qui est reconnu seulement par certains pays d’Europe et pas d’autres (notamment pas par la Serbie son grand voisin dont il s’est séparé après une guerre).

Retenons donc l’idée que les frontières ne sont pas forcément durables, qu’il existe des différends de frontières sur le papier, que parfois cela n’a aucune incidence sur la vie des habitants des régions concernées mais que parfois ces différends sont un moyen d’affirmer sa puissance sur la scène internationale, de mobiliser sa population et de faire la guerre.

Mais la plupart du temps, retenons aussi que les zones-frontières sont plutôt des espaces attractifs pour les échanges, pour le commerce, pour tous les trafics et que les postes-frontières sont depuis toujours des lieux actifs.

Les frontières sont-elles garanties ?

Les frontières des États sont aujourd’hui a priori garanties par le droit international puisque les États membres de l’ONU se sont engagés à ne pas agresser leurs voisins et donc à respecter les frontières existantes. Et quand ce n’est pas le cas le Conseil de Sécurité de l’ONU vote des résolutions pour condamner ces agressions et éventuellement essaie d’intervenir (sanctions économiques voire intervention d’une force multinationale) : voir l’article Le Conseil de Sécurité de l’ONU : un petit décryptage).

Mais, sur le terrain, la réalité est plus complexe :

  • dans certains cas on a des régions occupées ou annexées illégalement (Sahara occidental par le Maroc en 1975, Crimée par la Russie depuis 2014 (voir La Crimée est-elle russe ?), Golan par Israël depuis 1967),
  • dans d’autres des frontières qu’on n’a pas réussi à délimiter (ex au Cachemire entre Inde et Pakistan faute d’un accord depuis 1947)
  • dans d’autres les États ne contrôlent pas leurs frontières et ne peuvent empêcher le franchissement et la pénétration d’hommes (terroristes, migrants économiques, réfugiés) et/ou de marchandises (de contrebande ou de trafic illicites) vu les conditions naturelles (montagnes, déserts, littoraux…) et faute de moyens.

Des États de taille très inégale : des « États-continents » aux micro États

Il existe un certain nombre d’États de très grande taille ce qu’on peut voir sur cette carte (en général on va les retrouver dans le thème sur la puissance Les grandes puissances mondiales : quelques éléments introductifs sur la notion de puissance)

On retrouve cette carte sur mon blog dans l’article : Les grandes puissances mondiales : quelques éléments introductifs sur la notion de puissance

Voici une carte représentant les 7 États les plus grands du monde avec un arrondi de leur superficie en millions de km² et un disque rouge proportionnel à leur population. On y retrouve les 2 géants démographiques (Inde et Chine avec autour de 1 400 millions d’habitants) et des pays neufs (Etats-Unis, Brésil, Australie) dont la croissance démographique remonte à l’immigration des Européens (à partir du XVIe siècle pour le Brésil, plus tard pour les 2 autres) et enfin l’immense Russie qui s’étend de la mer Baltique jusqu’au Pacifique.

Ce sont tous des pays qui jouent aujourd’hui un rôle important dans l’exploitation des ressources minières et énergétiques et dans la production agricole mondiale. Les grandes compagnies pétrolières, gazières, de minerais sont américaines (ex. Exxon Mobil), canadiennes (ex. Barrick Gold), brésiliennes (ex. Vale), russes (ex. Lukoil, Gazprom, Norilsk Nickel), chinoises (ex. Sinopec), indiennes (Ex. Arcilor-Mittal leader de la sidérurgie mondiale qui est en fait européen-indien avec un siège social à Luxembourg).

A part ces grands États observe un morcellement particulièrement important :

II. Un constat : la multiplication des États et des frontières dans le monde depuis le XIX e siècle

L’émancipation de l’Amérique latine au début du XIXe

Brésil : un seul État continent lusophone

Reste de l’Amérique latine : une fragmentation d’États hispanophones. On retrouvera des articles sur cette région : Une présentation des États et frontières de l’Amérique latine

Carte politique et linguistique de l’Amérique centrale et du Sud (je n’ai pas indiqué les États des Caraïbes) cartographie CLG

La fragmentation des Empires européens après la Première Guerre mondiale

L’Empire russe (englobant Finlande, pays Baltes et provinces polonaises) laisse la place à l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques (qui voit sa frontière repoussée vers l’Est jusqu’en 1945)

L’Empire allemand perd ses provinces polonaises et une Pologne naît dans l’Entre-deux-guerres qui va disparaître pendant la Seconde Guerre mondiale et réapparaître en 1945 avec un territoire différent (voir l’article La frontière germano-polonaise : une frontière en débat ?)

Une carte muette qui permet de visualiser d’abord les 2 territoires de l’Allemagne et de la Pologne (vert/rouge et donc l’emplacement de la frontière mais aussi la fragmentation des États européens d’aujourd’hui. On jouera aux devinettes pour essayer de comprendre le code couleur (appartenance à l’UE, à l’espace Schengen, à l’ex URSS. Attention la carte a été dessinée avant le Brexit et le logciel Khartis a un fond de carte erroné concernant Chypre dont seule la moitié Sud est dans l’U.E. (CLG 2019)

L’Empire ottoman disparaît en 1920 au traité de Sèvres et laisse place à une Turquie et d’autres territoires sous mandat européens (L’éclatement de l’Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale et ses conséquences)

L’Empire austro-hongrois disparaît d’où l’agrandissement de certains États qui étaient dans le camp des vainqueurs(Italie, Roumanie), la réduction du noyau de cet ancien empire vaincu (Autriche et Hongrie), l’apparition de nouveaux États (Tchécoslovaquie, Pologne, Yougoslavie). (voir L’Empire austro-hongrois à la veille de la Première Guerre mondiale)

La colonisation et la décolonisation de l’Afrique

La Conférence de Berlin de 1885 fixe les règles d’appropriation du continent par les grandes puissances européennes

La décolonisation années 1960 conserve les frontières coloniales délimitées au XIXe siècle (voir l’article général Colonisation et décolonisation : un petit briefing)

La remise en cause de la carte héritée de la Guerre Froide en Europe

L’URSS éclate en 15 États indépendants (voir l’article La Russie : une petite introduction ainsi que la petite vidéo de ma chaine youtube Repérages De l’URSS à la Russie

La Yougoslavie éclate 7 États indépendants dont 2 sont aujourd’hui membres de l’Union Européenne (Slovénie et Croatie) (voir l’article L’ex-Yougoslavie et les États issus de son éclatement : petit briefing géopolitique).

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