Voici un exercice d’étude critique de document niveau Première qui porte sur l’industrialisation au Creusot
- On retrouvera la méthodologie dans l’article Un peu de méthodologie sur l’étude critique de document

- On retrouvera certains éléments de connaissance sur le thème évoqué dans cet article La famille Schneider et le Creusot : un exemple essentiel pour comprendre l’histoire industrielle, sociale et politique de la France au XIX e siècle
Quelle est la consigne ?
« Après avoir présenté le document vous montrerez ce qu’il peut apporter sur la connaissance de l’industrialisation en France au XIX e siècle«
La consigne est là pour rappeler à l’élève 2 éléments essentiels :
- il faut d’abord présenter un document avant d’espérer en tirer de l’information
- un seul document aussi intéressant qu’il soit ne permet pas de généraliser, il faut avoir des connaissances générales pour pouvoir en faire l’analyse : si on ne mémorise pas son cours (quelques dates, quelques noms de personnes et de lieu, quelques mécanismes), on ne rien tirer de ce document
Quel est le titre ?
Les usines du Creusot, empire d’Eugène Schneider à la fin du Second Empire
Le titre est donné par le créateur du sujet et a pour objectif de permettre à un élève de retrouver rapidement le thème de cours qui est en lien avec le sujet (ici le thème de l’industrialisation en France et des changements sociaux qu’il implique qui est dans le programme d’Histoire de Première à la fois dans le thème II et le thème III)
Un lycée doit donc connaître l’architecture générale de ses programmes d’histoire, géographie et HGGSP pour ne pas être surpris face à une étude de document(s), c’est surtout le cas pour l’épreuve de spécialité de Terminale HGGSP (coef 16) qui porte sur 4 thèmes sur les 6 du programme de Terminale
Quel est le document proposé ?
« En 1867, les usines du Creusot emploient 9 950 ouvriers, dont 2 100 aux mines de fer et de houille, 750 aux hauts fourneaux, 3 250 à la forge, 2 500 aux ateliers de construction et enfin 500 sur les chantiers de Chalon-sur-Saône. Elles sont équipées d’un ensemble de machines représentant une force proche des 10000 chevaux-vapeur. Les productions sont composées de machines de navigation et fixes, locomotives, ponts et charpentes, machines et appareils de toutes sortes, chaudières, moulages et pièces diverses de fonderie. Cette production représente une valeur annuelle de 14 millions de francs. »
Les établissements occupent 125 hectares, dont 20 hectares de bâtiments. Les ateliers sont reliés par une voie de chemin de fer privée qui s’étend sur 70 km. Elle est exploitée à l’aide de 16 locomotives. En 1867-1868, les concessions de minerais produisent 300 000 tonnes de fer par an, les houillères 250 000 tonnes de charbon. Les hauts fourneaux produisent 130 000 tonnes de fonte et sont équipés de 160 fours à coke. La forge compte 130 fours à puddler, 85 fours à réchauffer. On y dénombre 41 laminoirs, 30 marteaux-pilons et 85 machines à vapeur. La production annuelle de la forge est de 110 000 tonnes. Les ateliers de construction sont équipés de 26 marteaux-pilons, 350 machines-outils et 32 machines à vapeur. »
Rapport d’Emile Cheysson, polytechnicien, directeur des usines du Creusot, 1867 (pour l’Exposition Universelle de Paris).
En général pour un exercice au lycée en 1h ou 2 h on choisit un texte assez court et on prend soin d’en préciser la provenance : auteur et surtout sa fonction -car parfois son nom ne suffit pas -, la date (qu’un élève doit savoir replacer dans une chronologie) et parfois le lieu. Le Creusot est un nom important dans le programme d’histoire dont la localisation doit être connue.
Comment procéder ? La phrase 4W !
Le document que nous allons analyser est un extrait d’un rapport rédigé en 1867 à l’occasion de l’exposition Universelle de Paris par Émile Cheysson qui décrit les usines du Creusot dont il est le directeur.
Cette phrase d’introduction ne pose aucune difficulté : j’ai simplement recopié des éléments qui étaient dans le sujet. L’avantage est donc de trouver un moyen de commencer sa copie sans hésitation en rédigeant une phrase riche en informations (des informations qui vont être reprises et précisées), syntaxiquement correcte et sans faute d’orthographe, qui ne va pas irriter le correcteur.
On ne commence pas par « ce document » : on part de l’idée que le lecteur ne l’a pas sous les yeux et n’aura pas forcément besoin de le lire puisqu’on va faire en sorte d’en faire ressortir l’essentiel.
La nature du document ?
Il s’agit effectivement d’un rapport détaillé et technique qui décrit avec de nombreux chiffres les installations des usines du Creusot (dans le Nord du Massif Central) et emploie de très nombreux termes techniques du monde de la mine et de l’industrie.
Je précise la nature de ce texte : rapport avec chiffres et des termes techniques. Quand on va l’analyser il va donc nous falloir simplifier et ne retenir que quelques ordres de grandeur (pour pouvoir les comparer avec nos connaissances) et ne pas se laisser déstabiliser si certains termes nous sont inconnus (par contre nous devons en connaître certains comme houille, haut-fourneaux, marteau-pilon)
L’auteur du document
Son auteur, Émile Cheysson est en effet un Polytechnicien, c’est-à-dire un ingénieur qui a une formation mathématique très pointue. Il est à la tête de cette énorme entreprise dont les propriétaires et fondateurs sont en 1837 les deux frères Schneider : Adolphe -décédé précocement- et Eugène qui, à cette époque, est devenu un industriel et un homme politique de premier plan. L’extension de son usine l’a poussé à s’entourer de collaborateurs salariés comme ce directeur d’usine, qui maîtrisent les procédés industriels.
Émile Cheysson de par sa formation scientifique et sa fonction est parfaitement au fait de ce qui concerne l’usine qu’il dirige. Par conséquent toutes les données chiffrées de ce rapport peuvent être considérées comme décrivant de manière fiable la situation qui prévaut au Creusot.
J’ai précisé la fonction de l’auteur du rapport et j’ai apporté des précisions nécessaires : à cette date Eugène Schneider n’est plus tous les matins à l’usine car il a également des fonctions politiques locales et nationales. Mais il est donc impossible de faire cet exercice si on ne connaît pas la famille des Schneider.
La date et le contexte du document
Ce rapport a été rédigé en 1867, c’est-à-dire à la fin du Second Empire, cette période de paix et de prospérité qui est marquée par le décollage industriel de certaines régions de France même si concernant Le Creusot (ou par exemple Saint-Étienne) le décollage a démarré sous la Monarchie de Juillet. A l’inverse dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais l’essor des mines et de la sidérurgie est vraiment propre à cette période du Second Empire (ainsi qu’on peut par exemple le découvrir dans le roman naturaliste d’Emile Zola, Germinal qui décrit le monde de la mine, publié sous la IIIe République mais dont l’action se situe en 1866)
Dans la présentation du contexte j’en ai profité pour placer un élément de culture générale et une référence littéraire importante : Zola -Germinal – et de faire le lien avec le cours de français (courant naturaliste)
Fort de cet essor industriel la France de Napoléon III organise successivement deux expositions universelles pour rivaliser avec la première, celle de 1851, organisée à Londres pas la reine Victoria : à Paris on en a en 1855 et en 1867 et l’objectif et principalement de montrer les avancées technologiques et les énormes machines présentes dans les mines.
C’est dans ce cadre que le rapport a été demandé à Émile Cheysson avec l’idée qu’il doit y montrer que cette usine du Creusot est l’exemple le plus spectaculaire d’industrialisation en France voire dans le monde.
Je replace ici le document dans son contexte général sur l’industrialisation au XIX e siècle
Une phrase de transition vers la critique interne ?
L’analyse proprement dite du document : prélever des informations importantes qui viennent compléter nos connaissances, les expliciter et faire des remarques sur le ton, la teneur du propos, ce qui est mis en valeur, tu ou présenté de manière discutable
Ce rapport fait un bilan chiffré très détaillé sur la situation des usines Schneider du Creusot en 1867 c’est-à-dire 30 ans après les débuts de cette
